Rubrique Naruto
28/12/2023
Des chercheurs présentent les similitudes, qui dépassent ce que l’on aurait pu imaginer, entre le conte japonais « La légende du galant Jiraiya » de la période Edo et Naruto
Jiraya, Orochimaru et Tsunade sont les « Trois Sannin Légendaires », personnages centraux de l’histoire de Naruto. Ces trois personnages sont en réalité « apparus » dans une œuvre créée à l'époque Édo en tant que personnages éponymes dans un contexte similaire.
Cette fois-ci, nous nous pencherons sur les similitudes et les différences entre eux et Naruto, en nous basant sur le conte japonais « La légende du galant Jiraiya » dans lequel ils jouent un rôle prépondérant.
Nous seront aujourd’hui épaulés par la professeure Noriko Yamashita (professeure émérite de l’Institut National de Littérature Japonaise), spécialiste de la littérature japonaise, et le chercheur en ukiyo-e (ndlt : estampe japonaise) Kenji Hinohara (conservateur en chef du musée d'art commémoratif d'Ota). Ensemble, nous découvrirons les « histoires » transmises de la littérature japonaise et de l'ukiyo-e à Naruto
Cette fois-ci, nous nous pencherons sur les similitudes et les différences entre eux et Naruto, en nous basant sur le conte japonais « La légende du galant Jiraiya » dans lequel ils jouent un rôle prépondérant.
Nous seront aujourd’hui épaulés par la professeure Noriko Yamashita (professeure émérite de l’Institut National de Littérature Japonaise), spécialiste de la littérature japonaise, et le chercheur en ukiyo-e (ndlt : estampe japonaise) Kenji Hinohara (conservateur en chef du musée d'art commémoratif d'Ota). Ensemble, nous découvrirons les « histoires » transmises de la littérature japonaise et de l'ukiyo-e à Naruto
Sommaire
・Comment une experte en littérature et un expert en ukiyo-e ont-ils lu Naruto ?
・Qu'est-ce que le « gôkan », manga de la période Edo ?
・Pas un « ermite pas net », mais un personnage séduisant : les différences entre Jiraiya et Jiraya
・Le « mariage » de Tsunade et Jiraiya
・Le lien entre le « sansukumi (mourre chinoise) » et le « pierre-papier-ciseaux »
・De « La légende du galant Jiraiya » à Naruto : l'héritage d'un conte
・Qu'est-ce que le « gôkan », manga de la période Edo ?
・Pas un « ermite pas net », mais un personnage séduisant : les différences entre Jiraiya et Jiraya
・Le « mariage » de Tsunade et Jiraiya
・Le lien entre le « sansukumi (mourre chinoise) » et le « pierre-papier-ciseaux »
・De « La légende du galant Jiraiya » à Naruto : l'héritage d'un conte
— Il semblerait que vous ayez tous les deux lu Naruto. Qu’en avez-vous pensé ?
Noriko Yamashita:née en 1956 à Tokyo, son nom d’auteure est Noriko Takahashi. Elle termina ses études de doctorat à l'École supérieure des lettres de l'Université Meiji. Spécialisée dans la littérature de la période Édo, le théâtre et les ukiyo-e, elle est professeure émérite à l'Institut national de littérature japonaise. Auteure de nombreux ouvrages, dont « Kusazôshi to engeki (Kusazôshi et théâtre) » (éd. Kyûkoshoin), « Zusetsu "mitate" to "yatsushi" (Compendium : « Mitate » et « Yatsushi ») » et « Zusetsu Edo no "hyōgen" (Compendium : Expressions de la période Edo) » (éd. Yagi Shoten), et « Zaigai eiribon kenkyū to mokuroku (Illustrations de l'étranger : étude et catalogue) » (éd. Sanyai Shoten)
Noriko Yamashita (ci-dessous, Yamashita) : J'ai été très surprise que le personnage principal, Naruto, soit un « ninja ». J'étais également intriguée par ses moustaches de renard, ses cheveux blonds et sa personnalité joviale.
Les mangas sur les ninjas ordinaires mettent généralement l’accent sur la noirceur des ninjas, comme « Kamui » et « Sasuke » de Sanpei Shirato. Mais dans Naruto, j'ai eu l'impression que cette noirceur des ninjas était présentée comme quelque chose à surmonter. Par exemple, Naruto est un personnage jovial, mais en tant qu'enfant à problèmes à l'Académie ninja, il est rejeté par son entourage et porte le fardeau de la solitude. Cependant, j'ai été surprise par l'évolution positive du personnage de Naruto, encore jamais vue dans un manga ninja auparavant, car il surmonte sa solitude et affronte les épreuves qui se succèdent avec force.
Les mangas sur les ninjas ordinaires mettent généralement l’accent sur la noirceur des ninjas, comme « Kamui » et « Sasuke » de Sanpei Shirato. Mais dans Naruto, j'ai eu l'impression que cette noirceur des ninjas était présentée comme quelque chose à surmonter. Par exemple, Naruto est un personnage jovial, mais en tant qu'enfant à problèmes à l'Académie ninja, il est rejeté par son entourage et porte le fardeau de la solitude. Cependant, j'ai été surprise par l'évolution positive du personnage de Naruto, encore jamais vue dans un manga ninja auparavant, car il surmonte sa solitude et affronte les épreuves qui se succèdent avec force.
Kenji Hinohara:né en 1974 à Chiba, il est titulaire d'un doctorat de la Faculté des Lettres de l'Université Keio. En tant que conservateur en chef du musée d'art commémoratif d'Ota, musée consacré à l'ukiyo-e, il a organisé de nombreuses expositions. Outre ses recherches approfondies sur l'histoire de l'ukiyo-e, il participe également à des recherches sur des genres tels que les yôkai (ndlt : créatures mythiques japonaises), l'horticulture et les voyages. Parmi ses nombreuses publications figurent « Yōkoso ukiyoe no sekai he (Bienvenue dans le monde de l’ukiyo-e) » (éd. Tokyo Bijutsu), « Hen na ukiyo-e (Étranges ukiyo-e) » (éd. Heibonsha), « Hokusai : Fugaku Sanjurokkei (Hokusai : Trente-six vues du mont Fuji) » (éd. Iwanami Bunko) et « Nippon no ukiyo-e (Ukiyo-e du Japon) » (éd. Shogakukan)
Hinohara : Lorsque la publication en série de Naruto a commencé dans le « Weekly Shônen Jump », j'ai ressenti une certaine nostalgie vis-à-vis des mangas sur les ninjas. Comme la professeure Yamashita l'a mentionné plus tôt, le manga sur les ninjas est un genre qui a été apprécié à travers les âges et qui s'est diversifié dans son expression. Mais j'ai l'impression que cette tendance, ou plutôt ce boom, a stagné au début des années 1990. C'est pourquoi je me suis senti si nostalgique de cette période.
— Bien, approfondissons les liens entre Naruto et « La légende du galant Jiraiya », avec notamment les « Sannin légendaires ». Mais pourriez-vous tout d’abord nous définir ce qu’est le « gôkan » et l’histoire derrière « La légende du galant Jiraiya » ?
Hinohara : Un « gôkan » est un roman qui raconte une histoire avec du texte et des images, très populaire à l'époque Edo. Bien qu'il s'agisse d'un roman, il y avait des illustrations à chaque page, qui pourrait s’apparenter à un manga moderne.
Yamashita : Les livres étaient vendus enveloppés dans un sac appelé « shotai » pour protéger leur contenu et éviter qu'ils ne soient lus sans autorisation. Le design de ce sac était également élégant.
Hinohara : « La légende du galant Jiraiya », est un énorme roman publié en série entre 1839 et 1868, à la fin de la période Edo, reconnu comme légendaire parmi les nombreux gôkan pour être un « chef-d'œuvre inachevé », avec un total de 43 histoires et 172 volumes.
De plus, le texte a été rédigé par quatre écrivains qui se relayaient, et les illustrations ont été réalisées par sept artistes d'ukiyo-e.
Hinohara : Un « gôkan » est un roman qui raconte une histoire avec du texte et des images, très populaire à l'époque Edo. Bien qu'il s'agisse d'un roman, il y avait des illustrations à chaque page, qui pourrait s’apparenter à un manga moderne.
Yamashita : Les livres étaient vendus enveloppés dans un sac appelé « shotai » pour protéger leur contenu et éviter qu'ils ne soient lus sans autorisation. Le design de ce sac était également élégant.
Hinohara : « La légende du galant Jiraiya », est un énorme roman publié en série entre 1839 et 1868, à la fin de la période Edo, reconnu comme légendaire parmi les nombreux gôkan pour être un « chef-d'œuvre inachevé », avec un total de 43 histoires et 172 volumes.
De plus, le texte a été rédigé par quatre écrivains qui se relayaient, et les illustrations ont été réalisées par sept artistes d'ukiyo-e.
Yamashita : L'histoire est basée sur le conte chinois d'un bandit appelé « Garaiya ». Le yomihon (genre de littérature populaire vers le milieu de l’ère Edo, où les dessins étaient mis en avant) « La légende de Jiraiya » a été créé au Japon en 1806 en s’inspirant de cette histoire, puis a été remodelé en une histoire de voleur chevaleresque aux pouvoirs magiques sous la forme du gôkan que nous connaissons, « La légende du galant Jiraiya ». Bien que le yomihon contienne des illustrations, le texte constitue la partie principale de l'œuvre, et est plus adapté aux adultes que le gôkan.
Le personnage principal de « La légende du galant Jiraiya », nommé Shuma Hiroyuki, était le fils du clan Ogata, un puissant clan anéanti à Higo (l'actuelle préfecture de Kumamoto). Shuma Hiroyuki cacha son identité et trouva refuge à Shinano (actuelle préfecture de Nagano), puis devint finalement une sorte de Robin des Bois sous le nom de « Jiraiya », tentant de restaurer la réputation de sa famille... selon le résumé de la première partie du gôkan.
— Il est également intéressant de voir que le personnage de Jiraiya (Jiraya) ne cesse de changer à travers les œuvres, passant du statut de bandit dans le yomihon, à celui de bandit vertueux dans le gôkan, puis à celui de ninja dans Naruto.
Le personnage principal de « La légende du galant Jiraiya », nommé Shuma Hiroyuki, était le fils du clan Ogata, un puissant clan anéanti à Higo (l'actuelle préfecture de Kumamoto). Shuma Hiroyuki cacha son identité et trouva refuge à Shinano (actuelle préfecture de Nagano), puis devint finalement une sorte de Robin des Bois sous le nom de « Jiraiya », tentant de restaurer la réputation de sa famille... selon le résumé de la première partie du gôkan.
— Il est également intéressant de voir que le personnage de Jiraiya (Jiraya) ne cesse de changer à travers les œuvres, passant du statut de bandit dans le yomihon, à celui de bandit vertueux dans le gôkan, puis à celui de ninja dans Naruto.
— Quelles sont les différences et les similitudes entre le Jiraya de Naruto et celui de « La légende du galant Jiraiya » ?
Hinohara : Commençons par les différences. Comme la professeure Yamashita l'a évoqué un peu plus tôt, Jiraiya n'est pas décrit comme un ninja dans « La légende du galant Jiraiya », mais comme un voleur chevaleresque aux pouvoirs de sorcier. Le lien entre Jiraiya et le ninjutsu semble remonter à la période Taisho, lorsque la version cinématographique « Jiraiya le ninja », avec l'acteur de kabuki (ndlt : type de théâtre japonais) Matsunosuke Onoe, est sortie en 1921.
Hinohara : Commençons par les différences. Comme la professeure Yamashita l'a évoqué un peu plus tôt, Jiraiya n'est pas décrit comme un ninja dans « La légende du galant Jiraiya », mais comme un voleur chevaleresque aux pouvoirs de sorcier. Le lien entre Jiraiya et le ninjutsu semble remonter à la période Taisho, lorsque la version cinématographique « Jiraiya le ninja », avec l'acteur de kabuki (ndlt : type de théâtre japonais) Matsunosuke Onoe, est sortie en 1921.
Voici la scène où Jiraya apparaît pour la première fois dans Naruto. Le personnage se décrit comme « l'ermite des crapauds du Mont Myôboku ».
Il y a aussi un ermite des crapauds présent dans « La légende du galant Jiraiya » : l'ermite enseigne au protagoniste les arts du crapaud, avant de trouver la mort en combattant un serpent.
Dans Naruto, Jiraya est un ninja de haut niveau et le maître de Naruto. Il est possible que le personnage ait été créé en combinant Jiraiya et l’ermite des crapauds.
— Leurs rôles sont donc un peu différents, intéressant. Mais qu'en est-il de leur personnalité ? Jiraya a une personnalité si farfelue dans Naruto que ça lui a valu le surnom de « ermite pas net » mais qu'en est-il de son homologue dans « La légende du galant Jiraiya » ?
Yamashita : Dans le gôkan, Jiraiya a été conçu comme un « personnage séduisant » constituant ainsi une autre différence majeure avec Naruto.
Au départ, en effet, Jiraiya était un « nigao » (c'est-à-dire une caricature d’un acteur) de l'acteur de kabuki Onoe Kikugoro III. Onoe Kikugoro III était un brillant acteur qui a interprété des rôles masculins et féminins à l'époque Edo, ce qui lui a valu une grande popularité, ainsi qu'une réputation de ce que l’on qualifie aujourd’hui de « bel homme ». Il fallait donc faire de Jiraiya un bel homme, car il est difficile d’attirer les fans si vous n'avez pas un protagoniste séduisant (rires). Une autre raison possible (pour son influence sur Jiraiya) était que Kikugoro avait joué le rôle d'un personnage maîtrisant les arts du crapaud dans une pièce kabuki.
— Leurs rôles sont donc un peu différents, intéressant. Mais qu'en est-il de leur personnalité ? Jiraya a une personnalité si farfelue dans Naruto que ça lui a valu le surnom de « ermite pas net » mais qu'en est-il de son homologue dans « La légende du galant Jiraiya » ?
Yamashita : Dans le gôkan, Jiraiya a été conçu comme un « personnage séduisant » constituant ainsi une autre différence majeure avec Naruto.
Au départ, en effet, Jiraiya était un « nigao » (c'est-à-dire une caricature d’un acteur) de l'acteur de kabuki Onoe Kikugoro III. Onoe Kikugoro III était un brillant acteur qui a interprété des rôles masculins et féminins à l'époque Edo, ce qui lui a valu une grande popularité, ainsi qu'une réputation de ce que l’on qualifie aujourd’hui de « bel homme ». Il fallait donc faire de Jiraiya un bel homme, car il est difficile d’attirer les fans si vous n'avez pas un protagoniste séduisant (rires). Une autre raison possible (pour son influence sur Jiraiya) était que Kikugoro avait joué le rôle d'un personnage maîtrisant les arts du crapaud dans une pièce kabuki.
Hinohara : Dans le yomihon « La légende de Jiraiya », dont est tiré « La légende du galant Jiraiya », Jiraiya est dépeint comme un personnage extrêmement viril, avec une carrure musclée et un visage sévère.
Les yomihon étaient principalement destinés à un public masculin adulte, alors que les gôkan étaient plutôt lus par les femmes et les enfants. Il était donc probablement essentiel d'avoir un personnage plus attrayant afin de conquérir le cœur de ce genre de large lectorat.
Cependant, au moment où la publication du roman a commencé, Onoe Kikugoro III avait déjà dépassé la cinquantaine. L'histoire a été adaptée pour le kabuki, mais afin de préserver son image d’homme séduisant, Jiraiya a été interprété par des acteurs populaires de kabuki représentant les « beaux hommes » de l'époque.
Cependant, au moment où la publication du roman a commencé, Onoe Kikugoro III avait déjà dépassé la cinquantaine. L'histoire a été adaptée pour le kabuki, mais afin de préserver son image d’homme séduisant, Jiraiya a été interprété par des acteurs populaires de kabuki représentant les « beaux hommes » de l'époque.
— Les images de Jiraiya sont basées sur les acteurs populaires de kabuki de l'époque, et le personnage de Jiraya a également été influencé par le kabuki, comme lorsqu’il prend la fameuse pose « mie ».
Hinohara : Oui c’est ça. Le visage de Jiraya dans Naruto a des lignes rouges qui partent du dessous des yeux jusqu'aux joues, ce qui est une référence au « kumadori » du kabuki. Il s’agit d’une technique cosmétique unique du kabuki qui met l'accent sur les muscles et les veines du visage afin de faire ressortir l'expression d'un persoonage.
La scène où Jiraya combat en « mode ermite » est particulièrement impressionnante. Il utilise son propre sang pour dessiner des motifs sur son visage.
Hinohara : Oui c’est ça. Le visage de Jiraya dans Naruto a des lignes rouges qui partent du dessous des yeux jusqu'aux joues, ce qui est une référence au « kumadori » du kabuki. Il s’agit d’une technique cosmétique unique du kabuki qui met l'accent sur les muscles et les veines du visage afin de faire ressortir l'expression d'un persoonage.
La scène où Jiraya combat en « mode ermite » est particulièrement impressionnante. Il utilise son propre sang pour dessiner des motifs sur son visage.
Dans le kabuki, le kumadori de couleur rouge (appelé « beniguma ») est un symbole de vertu et de courage.
Il existe aussi plusieurs types de kumadori, chaque motif correspondant à un type de « force » différent. Par exemple, le motif le plus courant appelé « sujiguma », comprenant le plus rayures, est un symbole d’intense colère et est appliqué aux héros les plus forts.
Il existe aussi plusieurs types de kumadori, chaque motif correspondant à un type de « force » différent. Par exemple, le motif le plus courant appelé « sujiguma », comprenant le plus rayures, est un symbole d’intense colère et est appliqué aux héros les plus forts.
Le kumadori de Jiraya ressemble d’ailleurs à ce sujiguma, comme si le fait même de le porter symbolisait un accroîssement de puissance.
— Que pouvez-vous nous dire sur Orochimaru et Tsunade ?
Yamashita : Tsunade dans « La légende du galant Jiraiya » est une femme belle et puissante du « village des feuilles », ce qui a inspiré son homologue dans Naruto.
Yamashita : Tsunade dans « La légende du galant Jiraiya » est une femme belle et puissante du « village des feuilles », ce qui a inspiré son homologue dans Naruto.
Quant à Orochimaru, né d'un guerrier et d'un serpent géant, et connu pour être un bandit cruel de la province d'Echigo (actuelle préfecture de Niigata), il finit par se confronter à Jiraiya. On note alors une certains points communs avec Naruto.
— Contrairement à Jiraiya et Jiraya, les similitudes entre Tsunade, Orochimaru et leurs homologues littéraires sont bien plus nombreuses.
Yamashita : Mais dans certains chapitres, Orochimaru est un « coureur de jupons » et tombe éperdument amoureux de la princesse Tagoto Tsukikage. Ceci contraste fortement avec son homologue dans Naruto, dont la personnalité et les actions stoïques servent le but de réaliser ses propres ambitions.
De plus, dans « La légende du galant Jiraiya », Jiraiya et Tsunade finissent par se marier, un fait plutôt surprenant pour un fan de Naruto
Yamashita : Mais dans certains chapitres, Orochimaru est un « coureur de jupons » et tombe éperdument amoureux de la princesse Tagoto Tsukikage. Ceci contraste fortement avec son homologue dans Naruto, dont la personnalité et les actions stoïques servent le but de réaliser ses propres ambitions.
De plus, dans « La légende du galant Jiraiya », Jiraiya et Tsunade finissent par se marier, un fait plutôt surprenant pour un fan de Naruto
Tout d'abord, Tsunade est membre de la même famille Ogata que Jiraiya dans « La légende de Jiraiya », puis est tombée amoureuse de cet homme séduisant, qui était populaire auprès des dames. Par ailleurs, son maître en arts martiaux et en sorcellerie, l'ermite des limaces d'Etchu (actuelle préfecture de Toyama), avait prédit que Jiraiya serait son « futur mari ».
— Au fait, l’invocation de Tsunade s’appelle « Katsuyu », n’est-ce pas ?
— Au fait, l’invocation de Tsunade s’appelle « Katsuyu », n’est-ce pas ?
Yamashita : En effet. « Katsuyu » s'écrit avec le kanji de la limace. Dans le gôkan, Tsunade brandit son épée « Katsuyumaru » pendant l’affrontement entre Jiraiya et Orochimaru, et chevauche également une énorme limace pour s’enfuir. C'est une femme très puissante au cœur pur.
Pour en revenir à l'histoire, un passage très important sur la relation entre Tsunade et Jiraiya est celui où Tsunade vient à la rescousse de Jiraiya, attaqué par divers ennemis, dont Orochimaru. Tsunade et Jiraiya unissent alors leurs forces pour affronter Orochimaru. Je pense que la raison de mettre une femme forte en avant est due au fait que de nombreux lecteurs étaient des femmes.
Pour en revenir à l'histoire, un passage très important sur la relation entre Tsunade et Jiraiya est celui où Tsunade vient à la rescousse de Jiraiya, attaqué par divers ennemis, dont Orochimaru. Tsunade et Jiraiya unissent alors leurs forces pour affronter Orochimaru. Je pense que la raison de mettre une femme forte en avant est due au fait que de nombreux lecteurs étaient des femmes.
— Revenons sur une scène de combat en particulier dans Naruto. Nous avons ce que l'on appelle le « sansukumi », un combat sur trois fronts entre un crapaud, une limace et un serpent. Ce moment figure-t-il également dans la « La légende du galant Jiraiya » ?
Yamashita : Oui, entre le 12e et le 14e tome.
Le mot « sansukumi » apparaît pour la première fois dans une encyclopédie appelée « Shiwen Leiju », un classique chinois de la dynastie Song (960-1122). Dans un paragraphe consacré aux crapauds, il est mentionné qu'« un crapaud, un centipède et un serpent sont incapables de bouger », tandis que le paragraphe consacré aux serpents metionne que « le petit serpent est dévoré par le centipède ». Le sansukumi est également mentionné dans un autre texte chinois bien connu au Japon à l'époque, le « Bencao Gangmu ».
Mais on ne sait pas pourquoi le centipède a été remplacé par la limace après l’introduction de ces livres au Japon.
— Les auteurs ont sûrement voulu évoquer quelque chose en incorporant la stucture du sansukumi dans « La légende du galant Jiraiya ».
Yamashita : Il s'agissait probablement d'une référence au jeu très populaire à l'époque : le « pierre-papier-ciseaux ».
— Le pierre-papier-ciseaux ?
Yamashita : Il s’agit en réalité du « mushiken », la version « pierre-papier-ciseaux la plus ancienne de tout le Japon ». Dans le mushiken, le serpent bat le crapaud, le crapaud bat la limace et la limace bat le serpent, comme dans le sansukumi.
Le mot « sansukumi » apparaît pour la première fois dans une encyclopédie appelée « Shiwen Leiju », un classique chinois de la dynastie Song (960-1122). Dans un paragraphe consacré aux crapauds, il est mentionné qu'« un crapaud, un centipède et un serpent sont incapables de bouger », tandis que le paragraphe consacré aux serpents metionne que « le petit serpent est dévoré par le centipède ». Le sansukumi est également mentionné dans un autre texte chinois bien connu au Japon à l'époque, le « Bencao Gangmu ».
Mais on ne sait pas pourquoi le centipède a été remplacé par la limace après l’introduction de ces livres au Japon.
— Les auteurs ont sûrement voulu évoquer quelque chose en incorporant la stucture du sansukumi dans « La légende du galant Jiraiya ».
Yamashita : Il s'agissait probablement d'une référence au jeu très populaire à l'époque : le « pierre-papier-ciseaux ».
— Le pierre-papier-ciseaux ?
Yamashita : Il s’agit en réalité du « mushiken », la version « pierre-papier-ciseaux la plus ancienne de tout le Japon ». Dans le mushiken, le serpent bat le crapaud, le crapaud bat la limace et la limace bat le serpent, comme dans le sansukumi.
Hinohara : Les jeux utilisant les poings, comme le mushiken, étaient également un thème souvent représenté dans les ukiyo-e.
Yamashita : Si l’on voit le sansukumi comme une « bataille éternelle », cela pourrait nous aider à comprendre l'idée derrière cette œuvre, à savoir ne jamais finir. Ces œuvres sans fin étaient monnaie courante à l’ époque, comme celle de « Hizakurige », relatant l’histoire de Yaji et Kita, voyageant sur le Tôkaidô.
Je pense aussi que la situation sociale de l’époque a eu une influence sur ces écrits.
Le début de la publication de « La légende du galant Jiraiya » marquait la fin de la période Edo. Avec la fin du shogunat, de nombreux changements sociaux, avec leur lot de problèmes, eurent lieu, poussant ainsi la population standard à se tourner vers ces œuvres de fiction, leur permettant un temps soit peu d’échapper aux problèmes du monde réel.
Je pense aussi que la situation sociale de l’époque a eu une influence sur ces écrits.
Le début de la publication de « La légende du galant Jiraiya » marquait la fin de la période Edo. Avec la fin du shogunat, de nombreux changements sociaux, avec leur lot de problèmes, eurent lieu, poussant ainsi la population standard à se tourner vers ces œuvres de fiction, leur permettant un temps soit peu d’échapper aux problèmes du monde réel.
— Même si les histoires ne sont pas exactement les mêmes, l'essence de « La légende du galant Jiraiya » est visible à de nombreuses reprises dans Naruto. Ce dernier est une œuvre de longue date qui a duré 15 ans et s’est achevé en 72 volumes. Rien que sa durée d’appréciation peut être comparée à « La légende du galant Jiraiya ».
Yamashita : « La légende du galant Jiraiya » et Naruto sont des œuvres de longue date, appréciées par un large éventail de lecteurs, aussi bien par les enfants que les adultes, ce qui les rend certainement très similaires.
Hinohara : Même la scène de la mort de Jiraya dans Naruto a un lien étroit avec « La légende du galant Jiraiya ». Ses dernières pensées portant sur son prochain roman, son œuvre restera, à l’image du conte original de la période Edo, inachevée.
Yamashita : « La légende du galant Jiraiya » et Naruto sont des œuvres de longue date, appréciées par un large éventail de lecteurs, aussi bien par les enfants que les adultes, ce qui les rend certainement très similaires.
Hinohara : Même la scène de la mort de Jiraya dans Naruto a un lien étroit avec « La légende du galant Jiraiya ». Ses dernières pensées portant sur son prochain roman, son œuvre restera, à l’image du conte original de la période Edo, inachevée.
— En effet. Cela rejoint également l'élément de la « bataille éternelle » du sansukumi.
Hinohara : Mais la différence est que Jiraya décide d'intituler le prochain livre « L'histoire de Naruto Uzumaki », confiant ainsi à Naruto la suite de l'histoire. De nombreux éléments de « La légende du galant Jiraiya » oeuvre inachevée née à l'époque d'Edo, ont été repris et développés dans Naruto, un peu comme si le Jiraiya de l'histoire originale avait décidé de passer le relais à Naruto. On dirait presque que c'est le destin.
Hinohara : Mais la différence est que Jiraya décide d'intituler le prochain livre « L'histoire de Naruto Uzumaki », confiant ainsi à Naruto la suite de l'histoire. De nombreux éléments de « La légende du galant Jiraiya » oeuvre inachevée née à l'époque d'Edo, ont été repris et développés dans Naruto, un peu comme si le Jiraiya de l'histoire originale avait décidé de passer le relais à Naruto. On dirait presque que c'est le destin.
*Bibliographie : Yukiko Sato, « De « La légende du galant Jiraiya » à Naruto », (livre de recherche littéraire sur les ninjas), Kasamashoin, 2014.
*« La légende du galant Jiraiya » nous est parvenue sous diverses formes en plus du gôkan, dont des yakusha-e (ukiyo-e du kabuki). Elle figure dans les collections de nombreux instituts de recherche, dont l'Institut national de littérature japonaise, la Bibliothèque nationale de la Diète et le Musée commémoratif du théâtre Tsubouchi de l'université Waseda. Elle peut être consultée sur Internet via la « base de données de la littérature japonaise » (collection de l'Institut national de littérature japonaise), la « base de données complète des livres classiques » (bibliothèque de l'université de Waseda) et la « base de données des ukiyo-e ». (musée du théâtre Tsubouchi de l'université de Waseda). En outre, une édition réimprimée du livre « La légende du galant Jiraiya » , qui comprend des reproductions de toutes ses pages, a été publiée par Kokusho Kankokai.
*« La légende du galant Jiraiya » nous est parvenue sous diverses formes en plus du gôkan, dont des yakusha-e (ukiyo-e du kabuki). Elle figure dans les collections de nombreux instituts de recherche, dont l'Institut national de littérature japonaise, la Bibliothèque nationale de la Diète et le Musée commémoratif du théâtre Tsubouchi de l'université Waseda. Elle peut être consultée sur Internet via la « base de données de la littérature japonaise » (collection de l'Institut national de littérature japonaise), la « base de données complète des livres classiques » (bibliothèque de l'université de Waseda) et la « base de données des ukiyo-e ». (musée du théâtre Tsubouchi de l'université de Waseda). En outre, une édition réimprimée du livre « La légende du galant Jiraiya » , qui comprend des reproductions de toutes ses pages, a été publiée par Kokusho Kankokai.