Rubrique Naruto
16/02/2023
Elle quitte la Pologne pour le Japon à l'âge de 19 ans. Comment une femme qui a découvert le shōgi grâce à « NARUTO » est devenue la première joueuse de shōgi étrangère.
En février 2017, Karolina Fortin est devenue la première étrangère à jouer au shōgi dans la catégorie féminine. Originaire de Pologne, Karolina a entendu parler du shōgi pour la première fois lorsqu'elle avait 16 ans. Elle s'est intéressée à ce jeu mystérieux, traduit par « échecs japonais » dans la version polonaise du manga « NARUTO », et y est devenue complètement accro.
Elle a perfectionné ses compétences en jouant sur Internet et est venue au Japon pour la première fois à l'âge de 19 ans. C'est à cette époque que son désir de devenir professionnelle a commencé à grandir. Karolina raconte que le chemin pour devenir une joueuse de shōgi à l’étranger loin de son pays natal n’a pas été de tout repos, mais qu'elle n'a « jamais détesté jouer au shōgi ». Tout comme Naruto visant à devenir Hokage, elle a été droite et fidèle à elle-même et a réalisé son rêve.
Nous avons interrogé Karolina sur sa rencontre, son attrait, ses souvenirs avec « NARUTO », et sur son parcours pour devenir une joueuse de shōgi.
Elle a perfectionné ses compétences en jouant sur Internet et est venue au Japon pour la première fois à l'âge de 19 ans. C'est à cette époque que son désir de devenir professionnelle a commencé à grandir. Karolina raconte que le chemin pour devenir une joueuse de shōgi à l’étranger loin de son pays natal n’a pas été de tout repos, mais qu'elle n'a « jamais détesté jouer au shōgi ». Tout comme Naruto visant à devenir Hokage, elle a été droite et fidèle à elle-même et a réalisé son rêve.
Nous avons interrogé Karolina sur sa rencontre, son attrait, ses souvenirs avec « NARUTO », et sur son parcours pour devenir une joueuse de shōgi.
Karolina Fortin : la toute première joueuse étrangère appartenant à la Fédération japonaise de shōgi. Elle est née à Varsovie, en Pologne. Elle a étudié sous la direction de Daisuke Katagami, 7e dan. Karolina est diplômée de la Faculté des sciences de la gestion et de l'information de l'Université Yamanashi Gakuin, et a obtenu son master en sciences sociales au sein de la même université. Ell est promue 2e kyū féminin en 2017, puis 1er dan en 2021. Elle a par ailleurs changé son nom de famille de Styczyńska à Fortin lorsqu'elle s'est mariée en 2022.
*Résidant en Suisse, Karolina a été interviewée par vidéoconférence.
Les efforts de Naruto pour faire face à sa « solitude » sont inspirants
— Karolina, qu'est-ce qui vous a plu chez « NARUTO » ?
Karolina : J'ai vu l'animé pour la première fois quand j'avais 16 ans. J'ai apprécié l'intrigue de Zabuza et le fait de ne pas savoir ce qui allait se passer ensuite. Plus tard, j'ai trouvé le manga dans une librairie et je l'ai immédiatement acheté. J'ai lu le manga jusqu'au dernier chapitre.
— Cela nous ramène 15 ans en arrière. « NARUTO » était déjà célèbre en Pologne à cette époque ?
Karolina : Je pense que c'est l'un des mangas japonais les plus connus. Il est connu de tous en Pologne et c’est l'un des trois premiers dans toute l'Europe. L’histoire est basée sur les ninjas, qui sont également populaires à l'étranger, et en plus de son intrigue intéressante, le manga nous permet de découvrir la culture japonaise, ce qui est une occasion rare pour les Occidentaux.
Par exemple, le terme « bentō » (ndlt. coffret compartimenté contenant les mets d'un repas) est mentionné dans le test de Kakashi au début de l’histoire. Le bentō est vraiment intéressant pour les Occidentaux car nous n'avons pas de culture du bentō en Europe.
Karolina : J'ai vu l'animé pour la première fois quand j'avais 16 ans. J'ai apprécié l'intrigue de Zabuza et le fait de ne pas savoir ce qui allait se passer ensuite. Plus tard, j'ai trouvé le manga dans une librairie et je l'ai immédiatement acheté. J'ai lu le manga jusqu'au dernier chapitre.
— Cela nous ramène 15 ans en arrière. « NARUTO » était déjà célèbre en Pologne à cette époque ?
Karolina : Je pense que c'est l'un des mangas japonais les plus connus. Il est connu de tous en Pologne et c’est l'un des trois premiers dans toute l'Europe. L’histoire est basée sur les ninjas, qui sont également populaires à l'étranger, et en plus de son intrigue intéressante, le manga nous permet de découvrir la culture japonaise, ce qui est une occasion rare pour les Occidentaux.
Par exemple, le terme « bentō » (ndlt. coffret compartimenté contenant les mets d'un repas) est mentionné dans le test de Kakashi au début de l’histoire. Le bentō est vraiment intéressant pour les Occidentaux car nous n'avons pas de culture du bentō en Europe.
Les « ramen » étaient également présentés comme très savoureux, et lorsque je suis venue au Japon pour les goûter, je me suis dit que ce n’était pas étonnant que Naruto en raffole tant.
De plus, les « blagues » et autres éléments qui apparaissent dans le manga ne sont pas forcément clairs à la première lecture. Mais c’est en apprenant plus sur le Japon, que l’on comprend les références. Pour moi, cet aspect-là était aussi intéressant.
— En ce qui concerne purement l'histoire, qu'est-ce qui vous a attiré ?
Karolina : Au début, Naruto était seul et triste, mais il a fait beaucoup d’efforts et a évolué. J'ai été émue par cela. À l'époque, je n'avais moi non plus pas beaucoup d'amis et c'est peut-être pour cela que je me suis sentie proche de lui.
« NARUTO » n’est pas une exception. Le shōnen manga japonais se caractérise par l'accent mis sur les « sentiments » des personnages. Il n'y a pas beaucoup de bandes dessinées européennes de ce genre, alors peut-être que les personnes plus sensibles aux subtilités des sentiments sont plus susceptibles de s'y intéresser.
— Au fait, quel est votre personnage préféré ?
Karolina : Sans grande surprise, Naruto. Kakashi aussi est cool.
— En ce qui concerne purement l'histoire, qu'est-ce qui vous a attiré ?
Karolina : Au début, Naruto était seul et triste, mais il a fait beaucoup d’efforts et a évolué. J'ai été émue par cela. À l'époque, je n'avais moi non plus pas beaucoup d'amis et c'est peut-être pour cela que je me suis sentie proche de lui.
« NARUTO » n’est pas une exception. Le shōnen manga japonais se caractérise par l'accent mis sur les « sentiments » des personnages. Il n'y a pas beaucoup de bandes dessinées européennes de ce genre, alors peut-être que les personnes plus sensibles aux subtilités des sentiments sont plus susceptibles de s'y intéresser.
— Au fait, quel est votre personnage préféré ?
Karolina : Sans grande surprise, Naruto. Kakashi aussi est cool.
Shikamaru est également un de mes favoris car c'est un personnage qui joue au shōgi. La scène où il a laissé tomber son briquet à la fin après avoir combattu Hidan était vraiment cool.
Je n'ai jamais considéré le shōgi comme « déplaisant », même dans les moments difficiles.
— Est-ce vrai que c’est grâce à « NARUTO » que vous vous êtes intéressée au shōgi en premier lieu ?
Karolina : J'ai commencé à m'intéresser au shōgi lorsqu'il a été mentionné pour la première fois dans le tome de l'examen de sélection des chûnins. Dans la version polonaise, il a été traduit par « échecs japonais », mais c’était très différent des échecs que je connaissais. J'ai trouvé particulièrement intéressantes les règles qui vous permettent d'utiliser les pièces que vous avez prises à votre adversaire.
Karolina : J'ai commencé à m'intéresser au shōgi lorsqu'il a été mentionné pour la première fois dans le tome de l'examen de sélection des chûnins. Dans la version polonaise, il a été traduit par « échecs japonais », mais c’était très différent des échecs que je connaissais. J'ai trouvé particulièrement intéressantes les règles qui vous permettent d'utiliser les pièces que vous avez prises à votre adversaire.
Alors j'ai cherché sur Internet et j'ai essayé de jouer toute seule. Je me suis rendue compte que j'étais bien plus absorbée par ce jeu que par les autres, y compris les échecs. J'ai joué à beaucoup d'autres jeux, mais seul le shōgi a duré aussi longtemps.
— Comment avez-vous trouvé des partenaires de shōgi à l'époque ?
Karolina : Au début, j'ai cherché des partenaires sur Internet et on a formé un « club de shōgi » avec des personnes rencontrées dans la même région. C'était juste un club où on jouait dans un café avec un plateau de shōgi. Après cela, j'ai également commencé à communiquer en anglais via Internet, et je me suis faite des compagnons de jeu dans le monde entier. Je me suis d’abord fabriqué mon propre plateau. J'ai dessiné le plateau sur un morceau de papier et je l'ai fabriqué moi-même à partir d’une boîte à vin.
— Comment avez-vous trouvé des partenaires de shōgi à l'époque ?
Karolina : Au début, j'ai cherché des partenaires sur Internet et on a formé un « club de shōgi » avec des personnes rencontrées dans la même région. C'était juste un club où on jouait dans un café avec un plateau de shōgi. Après cela, j'ai également commencé à communiquer en anglais via Internet, et je me suis faite des compagnons de jeu dans le monde entier. Je me suis d’abord fabriqué mon propre plateau. J'ai dessiné le plateau sur un morceau de papier et je l'ai fabriqué moi-même à partir d’une boîte à vin.
— C'est ainsi qu’au gré de vos recherches sur le shōgi, vous avez appris en rassemblant toutes les connaissances nécessaires ?
Karolina : Oui, c’est ça. Mais je ne pense pas m’être lancée dans l'aventure par sens de l'apprentissage, mais plutôt par pur plaisir. J'emportais mon jeu de shōgi à l'école et, une fois rentré à la maison, j'étais complètement plongée dedans jusqu'à l’heure du coucher. Parfois, je séchais les cours pour jouer au shōgi en ligne, et je voulais vraiment y jouer tant que j'avais le temps.
Pendant cette période, je me suis faite de nombreux amis et rivaux. J'ai commencé à participer à des tournois en ligne et j'ai beaucoup étudié car je ne voulais surtout pas perdre. Plus j'en apprenais sur le jeu et plus mon intérêt grandissait.
— Comme Naruto, vous avez affronté différentes personnes et votre nombre de compagnons a augmenté. Puis en 2011, à l'âge de 19 ans, vous êtes venue au Japon pour la première fois. Quand est né votre désir d'étudier le shōgi au Japon ?
Karolina : J'ai toujours eu envie d'aller au Japon depuis que je suis tombée amoureuse des mangas et des animés japonais. Cependant, c'est un pays éloigné de la Pologne et il n'est pas facile d'y aller, à moins d'être riche. J'ai donc travaillé après avoir obtenu mon diplôme universitaire pour économiser de l'argent et je me suis dit qu'un jour je partirais. Mais quand j'avais 19 ans, j'ai eu l'occasion d'avoir des cours en ligne avec Kitao-sensei (ndlr. Madoka Kitao, joueuse professionnelle japonaise de shōgi 2ᵉ dan). Elle m'a demandé si je voulais devenir professionnelle et m'a encouragé à venir au Japon.
— Qu'avez-vous pensé lorsqu'on vous a proposé de « devenir professionelle au Japon » ?
Karolina : J’étais bien entendu très heureuse. Je savais par mes amis qu'il y avait des joueuses de shōgi au Japon et je me suis dit que ce serait intéressant de faire du shōgi en tant que profession. Bien sûr, j'étais inquiète à l'idée de vivre seule dans un pays lointain, et mes parents se faisaient également beaucoup de souci car c'était juste après le grand tremblement de terre du Japon de l'époque. Mais comme cette chance ne se présenterait probablement pas deux fois, j'ai décidé de faire le grand saut et d'aller au Japon.
Ce qui m'a surpris à mon arrivée au Japon, c'est que je pouvais regarder du shōgi à la télévision. C'était comme dans un rêve. De plus, si vous allez dans un dojo de shōgi, il y a toujours un partenaire avec qui jouer. Pour moi, qui jusqu'alors n'avais joué qu'à des simulations sur Internet, c'était une expérience vraiment émouvante au quotidien. En se faisant face de part et d’autre du plateau, je pouvais davantage ressentir les sentiments de mon adversaire.
— L'étude de ce jeu au Japon a-t-elle renforcé votre désir de devenir une joueuse de shōgi ?
Karolina : Tout à fait. Cependant, c'est la Ricoh Cup Women's Oza Tournament, à laquelle j'ai participé en tant que joueuse étrangère invitée en 2012 après mon retour en Pologne, qui m'a fait envisager sérieusement de devenir professionnelle. J'ai pu gagner contre des professionnelles là-bas, ce qui m'a donné beaucoup de confiance en moi.
Toutefois, ce n'était pas facile à partir de là. La route pour devenir professionnelle était encore longue.
— En 2013, vous êtes devenue membre stagiaire du stage de la Fédération japonaise de shōgi pour les femmes professionnelles, et vous avez décidé de devenir professionnelle tout en étudiant les langues à l'université Yamanashi Gakuin. Quelle a été votre plus grande difficulté à l'époque ?
Karolina : Quand je suis venue au Japon à l'âge de 19 ans, je suis restée chez Kitao-sensei, mais quand je suis revenue au Japon, c'était la première fois que je vivais seule. Je m'inquiétais toujours pour mon niveau en japonais et le simple fait de faire les courses m’était difficile. En outre, j'étais très occupée par mes études universitaires et il était difficile de trouver un équilibre avec le shōgi.
— Cependant, vous n'avez jamais abandonné. Vous avez poursuivi vos études et vous avez même été promue 2e kyū* féminin en février 2017. Vous êtes devenue la première étrangère à devenir une joueuse de shōgi.
*La reconnaissance en tant que joueuse professionnelle commence au 2e kyū féminin.
Karolina : Si vous n'obtenez pas les résultats requis dans les deux ans suivant votre promotion au 3e kyū féminin, vous ne pouvez pas devenir professionnelle. Je n'ai pas eu de très bons résultats lors de ma première année en tant que 3e kyu féminin, et la pression pour obtenir des résultats a progressivement augmenté. J'avais peur que tout ce que j'avais fait au Japon jusqu'alors soit réduit à néant.
Malgré cela, je n'ai jamais pensé que le shōgi était déplaisant. C'était un travail difficile, mais la joie de jouer au shōgi et le plaisir d'apprendre de nouvelles choses l'emportaient. Comme Naruto, j'ai pu regarder en avant sans me laisser décourager par les difficultés.
Lorsque j'ai gagné le match dans lequel ma promotion au 2e kyū féminin était en jeu, toutes mes craintes ont été balayées d'un seul coup.
Karolina : Oui, c’est ça. Mais je ne pense pas m’être lancée dans l'aventure par sens de l'apprentissage, mais plutôt par pur plaisir. J'emportais mon jeu de shōgi à l'école et, une fois rentré à la maison, j'étais complètement plongée dedans jusqu'à l’heure du coucher. Parfois, je séchais les cours pour jouer au shōgi en ligne, et je voulais vraiment y jouer tant que j'avais le temps.
Pendant cette période, je me suis faite de nombreux amis et rivaux. J'ai commencé à participer à des tournois en ligne et j'ai beaucoup étudié car je ne voulais surtout pas perdre. Plus j'en apprenais sur le jeu et plus mon intérêt grandissait.
— Comme Naruto, vous avez affronté différentes personnes et votre nombre de compagnons a augmenté. Puis en 2011, à l'âge de 19 ans, vous êtes venue au Japon pour la première fois. Quand est né votre désir d'étudier le shōgi au Japon ?
Karolina : J'ai toujours eu envie d'aller au Japon depuis que je suis tombée amoureuse des mangas et des animés japonais. Cependant, c'est un pays éloigné de la Pologne et il n'est pas facile d'y aller, à moins d'être riche. J'ai donc travaillé après avoir obtenu mon diplôme universitaire pour économiser de l'argent et je me suis dit qu'un jour je partirais. Mais quand j'avais 19 ans, j'ai eu l'occasion d'avoir des cours en ligne avec Kitao-sensei (ndlr. Madoka Kitao, joueuse professionnelle japonaise de shōgi 2ᵉ dan). Elle m'a demandé si je voulais devenir professionnelle et m'a encouragé à venir au Japon.
— Qu'avez-vous pensé lorsqu'on vous a proposé de « devenir professionelle au Japon » ?
Karolina : J’étais bien entendu très heureuse. Je savais par mes amis qu'il y avait des joueuses de shōgi au Japon et je me suis dit que ce serait intéressant de faire du shōgi en tant que profession. Bien sûr, j'étais inquiète à l'idée de vivre seule dans un pays lointain, et mes parents se faisaient également beaucoup de souci car c'était juste après le grand tremblement de terre du Japon de l'époque. Mais comme cette chance ne se présenterait probablement pas deux fois, j'ai décidé de faire le grand saut et d'aller au Japon.
Ce qui m'a surpris à mon arrivée au Japon, c'est que je pouvais regarder du shōgi à la télévision. C'était comme dans un rêve. De plus, si vous allez dans un dojo de shōgi, il y a toujours un partenaire avec qui jouer. Pour moi, qui jusqu'alors n'avais joué qu'à des simulations sur Internet, c'était une expérience vraiment émouvante au quotidien. En se faisant face de part et d’autre du plateau, je pouvais davantage ressentir les sentiments de mon adversaire.
— L'étude de ce jeu au Japon a-t-elle renforcé votre désir de devenir une joueuse de shōgi ?
Karolina : Tout à fait. Cependant, c'est la Ricoh Cup Women's Oza Tournament, à laquelle j'ai participé en tant que joueuse étrangère invitée en 2012 après mon retour en Pologne, qui m'a fait envisager sérieusement de devenir professionnelle. J'ai pu gagner contre des professionnelles là-bas, ce qui m'a donné beaucoup de confiance en moi.
Toutefois, ce n'était pas facile à partir de là. La route pour devenir professionnelle était encore longue.
— En 2013, vous êtes devenue membre stagiaire du stage de la Fédération japonaise de shōgi pour les femmes professionnelles, et vous avez décidé de devenir professionnelle tout en étudiant les langues à l'université Yamanashi Gakuin. Quelle a été votre plus grande difficulté à l'époque ?
Karolina : Quand je suis venue au Japon à l'âge de 19 ans, je suis restée chez Kitao-sensei, mais quand je suis revenue au Japon, c'était la première fois que je vivais seule. Je m'inquiétais toujours pour mon niveau en japonais et le simple fait de faire les courses m’était difficile. En outre, j'étais très occupée par mes études universitaires et il était difficile de trouver un équilibre avec le shōgi.
— Cependant, vous n'avez jamais abandonné. Vous avez poursuivi vos études et vous avez même été promue 2e kyū* féminin en février 2017. Vous êtes devenue la première étrangère à devenir une joueuse de shōgi.
*La reconnaissance en tant que joueuse professionnelle commence au 2e kyū féminin.
Karolina : Si vous n'obtenez pas les résultats requis dans les deux ans suivant votre promotion au 3e kyū féminin, vous ne pouvez pas devenir professionnelle. Je n'ai pas eu de très bons résultats lors de ma première année en tant que 3e kyu féminin, et la pression pour obtenir des résultats a progressivement augmenté. J'avais peur que tout ce que j'avais fait au Japon jusqu'alors soit réduit à néant.
Malgré cela, je n'ai jamais pensé que le shōgi était déplaisant. C'était un travail difficile, mais la joie de jouer au shōgi et le plaisir d'apprendre de nouvelles choses l'emportaient. Comme Naruto, j'ai pu regarder en avant sans me laisser décourager par les difficultés.
Lorsque j'ai gagné le match dans lequel ma promotion au 2e kyū féminin était en jeu, toutes mes craintes ont été balayées d'un seul coup.
Encouragée par Naruto, son « avatar »
— Naruto apprend beaucoup de choses et évolue au fil de ses combats. Est-ce aussi le cas pour vous à travers vos matchs ?
Karolina : Je pense que chaque match est une grande expérience. L'expérience de la défaite en particulier donne matière à réflexion. Lorsque je suis devenue joueuse de shōgi, je pensais être forte, mais j'ai été battue à plate couture lors de ma première partie. Mais c’est à ce moment-là que l’on peut progresser : en n'abandonnant pas, en connaissant ses propres faiblesses et en s'entraînant davantage. C’est aussi le cas pour Naruto. On ne gagne pas à chaque fois, pas vrai ?
— Quel a été le match le plus mémorable ?
Karolina : Il y en a trois. D'abord, le match contre Tomoka Nishiyama (triple championne à l'époque). J'ai perdu, mais j'ai apprécié jouer contre une adversaire redoutable et faire un bon match. J'ai senti la différence de technique et c'était une grande expérience.
Ensuite, il s’agit de mes matchs contre Ichiyo Shimizu (ndlr. Elle a remporté en 2000 son 4e titre et devient la première joueuse de shōgi à atteindre le 6e dan, puis le 7e dan en 2020). J'ai joué contre elle en 2018 et 2021 et j'ai pu gagner la première partie. Je garde une forte impression de la fois où j'ai pu gagner contre Shimizu-sensei, qui est une légende des professionnelles et une joueuse vraiment forte.
— Plus votre adversaire est fort, et plus c'est amusant et mémorable. Cet état d'esprit ressemble à celui des personnages principaux des mangas de Jump. Par ailleurs, y a-t-il des aspects de la personnalité ou de la façon de penser des personnages de « NARUTO » qui vous semblent similaires aux vôtres ?
Karolina : Shikamara dit souvent « quelle plaie », et moi aussi je trouve parfois beaucoup de choses fastidieuses et je cherche le chemin le plus facile. De plus, Shikamaru a les qualités d'un leader, et je suis aussi dans une position où je dois faire preuve de leadership afin de promouvoir le shōgi à l'étranger, donc je pense que nous avons aussi cela en commun.
Karolina : Je pense que chaque match est une grande expérience. L'expérience de la défaite en particulier donne matière à réflexion. Lorsque je suis devenue joueuse de shōgi, je pensais être forte, mais j'ai été battue à plate couture lors de ma première partie. Mais c’est à ce moment-là que l’on peut progresser : en n'abandonnant pas, en connaissant ses propres faiblesses et en s'entraînant davantage. C’est aussi le cas pour Naruto. On ne gagne pas à chaque fois, pas vrai ?
— Quel a été le match le plus mémorable ?
Karolina : Il y en a trois. D'abord, le match contre Tomoka Nishiyama (triple championne à l'époque). J'ai perdu, mais j'ai apprécié jouer contre une adversaire redoutable et faire un bon match. J'ai senti la différence de technique et c'était une grande expérience.
Ensuite, il s’agit de mes matchs contre Ichiyo Shimizu (ndlr. Elle a remporté en 2000 son 4e titre et devient la première joueuse de shōgi à atteindre le 6e dan, puis le 7e dan en 2020). J'ai joué contre elle en 2018 et 2021 et j'ai pu gagner la première partie. Je garde une forte impression de la fois où j'ai pu gagner contre Shimizu-sensei, qui est une légende des professionnelles et une joueuse vraiment forte.
— Plus votre adversaire est fort, et plus c'est amusant et mémorable. Cet état d'esprit ressemble à celui des personnages principaux des mangas de Jump. Par ailleurs, y a-t-il des aspects de la personnalité ou de la façon de penser des personnages de « NARUTO » qui vous semblent similaires aux vôtres ?
Karolina : Shikamara dit souvent « quelle plaie », et moi aussi je trouve parfois beaucoup de choses fastidieuses et je cherche le chemin le plus facile. De plus, Shikamaru a les qualités d'un leader, et je suis aussi dans une position où je dois faire preuve de leadership afin de promouvoir le shōgi à l'étranger, donc je pense que nous avons aussi cela en commun.
Cependant, en ce qui concerne les circonstances de mon enfance et de mon mode de vie, je me rapproche plus de Naruto.
— En effet, les efforts de Naruto pour réaliser son rêve de devenir Hokage se recoupent avec vos efforts pour devenir une joueuse de shōgi.
— En effet, les efforts de Naruto pour réaliser son rêve de devenir Hokage se recoupent avec vos efforts pour devenir une joueuse de shōgi.
Karolina : J’ai moi aussi quitté la Pologne avec l'unique désir de jouer au shōgi et en me disant « un jour je deviendrai une joueuse de shōgi ». Cela peut être similaire à Naruto, qui aspire à devenir Hokage. De plus, cet enfant qui se sentait seul a un rêve et travaille dur sans se décourager. Je pense que ce genre de personnage m'a donné du courage, d'une certaine manière. D'ailleurs, quand je suis devenue professionnelle, j'ai fait la pose du pouce levé de Naruto (rires).
— Pour finir, avez-vous un rêve actuellement ?
Karolina : Tel Naruto, je veux faire connaître le shōgi dans le monde entier. Je souhaite aussi que le nombre de joueurs et de joueuses internationaux augmente. Même maintenant, il existe des tournois internationaux de shōgi, mais ils sont encore loin du niveau du Japon. Il serait intéressant et passionnant de voir apparaître des joueurs forts dans le monde entier. Je rêve qu'un tel jour arrive et j'aimerais continuer à transmettre le plaisir du shōgi aux gens.
Karolina : Tel Naruto, je veux faire connaître le shōgi dans le monde entier. Je souhaite aussi que le nombre de joueurs et de joueuses internationaux augmente. Même maintenant, il existe des tournois internationaux de shōgi, mais ils sont encore loin du niveau du Japon. Il serait intéressant et passionnant de voir apparaître des joueurs forts dans le monde entier. Je rêve qu'un tel jour arrive et j'aimerais continuer à transmettre le plaisir du shōgi aux gens.
Interview et texte : Noriyuki Enami (Yajirobe)